La junte malienne a conseillé à la ministre française de la Défense, Florence Parly, d’observer la “grandeur du silence” après avoir accusé les dirigeants de l’armée dans l’État du Sahel de provocations.
Dans une interview diffusée mercredi soir à la télévision d’Etat, le porte-parole de la junte, le colonel Abdoulaye Maiga, a également accusé la France de “réflexes coloniaux” et d’utiliser les organisations régionales pour diviser les Maliens.
Les relations entre l’armée au pouvoir au Mali et la France, l’ancienne puissance coloniale, se sont effilochées depuis que l’armée a pris le pouvoir lors d’un coup d’État en août 2020.
Mais les tensions ont encore augmenté depuis décembre, lorsque le bloc ouest-africain de la CEDEAO a imposé des sanctions, notamment un embargo commercial et la fermeture des frontières, à la nation déchirée par le conflit.
Les mesures de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) étaient une réponse à une proposition de la junte de rester au pouvoir jusqu’à cinq ans avant d’organiser des élections – malgré un engagement antérieur à tenir le vote en février.
Mardi, Parly a accusé la junte malienne de multiplier les “provocations” après avoir demandé aux forces spéciales danoises opérant dans le pays de se retirer.
Maiga a répondu le lendemain en disant que Parly devrait tenir compte des vers du poète français du XIXe siècle Alfred de Vigny sur la “grandeur du silence”.
Le porte-parole faisait apparemment référence au poème de Vigny « La Mort du Loup », qui contient le vers : « Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
“Quand les gens tentent désespérément d’isoler le Mali en manipulant les organisations sous-régionales, on finit par se demander qui est à l’origine de la provocation”, a poursuivi Maiga, faisant référence aux sanctions de la CEDEAO.
Le porte-parole de la junte a également réitéré une demande au Danemark de retirer ses troupes, qui sont arrivées au Mali pour rejoindre la force française Takuba des forces spéciales européennes.
Le contingent danois est arrivé au Mali au début du mois, mais la junte a déclaré qu’elle n’avait jamais approuvé leur adhésion à Takuba.
Le Mali a du mal à réprimer un conflit djihadiste brutal qui a éclaté pour la première fois en 2012, avant de s’étendre au Burkina Faso et au Niger voisins.
La France a des milliers de soldats au Mali et dans les pays voisins du Sahel dans le cadre d’une force anti-djihadiste.
